Madagascar, l’aventure et la découverte
Texte et photos : Johanne Carmichael et sa petite famille en voyage autour du monde!
L’île de Madagascar est dans notre top 3 des pays préférés lors de notre tour du monde de 9 mois, sa position précise dans le rang varie selon les membres de la famille! Les raisons sont multiples, mais se résument à son unicité dans tous les aspects possibles : paysages, animaux, culture, histoire, gens, etc. L’île faisait partie à l’origine du continent africain, mais a été séparée lors de la dérive des continents il y a 120 millions d’années, ce qui a créé une biodiversité unique au monde avec des espèces animales et végétales endémiques à l’île, certaines étant même uniques au monde. Sa situation géographique dans l’océan Indien a également amené une multitude de peuples et de cultures à venir sur l’île, venant de l’Afrique, de l’Asie et de l’Océanie.
Après beaucoup de recherches, nous avons décidé de visiter l’île dans un tour privé avec un chauffeur qui faisait également office de guide pour toute la durée de notre séjour. C’est ce que la plupart des touristes (qui sont vraiment peu nombreux) font. Il y a plusieurs compagnies qui proposent des tours privés dans votre propre véhicule 4×4 et dans votre langue, le français étant vraiment accessible puisque Madagascar est une ancienne colonie française. Certains visitent l’île par eux-mêmes, nous avons vu des blogues en ce sens. À ce moment-là il faut être extrêmement bien préparé et renseigné et avoir un sens de l’aventure sans faille. Je l’aurais fait pour une partie de notre itinéraire, mais certaines sections auraient été impensables, même notre guide se perdait puisque les «routes» changent d’une saison à l’autre. Pour notre part, nous avons eu un guide exceptionnel qui a fait partie de la famille et qui nous a permis de vivre cette aventure plus sereinement et d’en profiter pleinement.
C’est parti pour la découverte extraordinaire de trois semaines de cette île immense et mystérieuse!
De Antananarivo vers l’ouest à Morondava
Nous avons atterri à l’aéroport de Tana (diminutif que les Malgaches utilisent pour la capitale Antananarivo) et notre guide nous a rejoint pour le départ. Nous ne sommes pas restés dans la ville, qui est la plus grande du pays, puisqu’il y a peu de choses à voir pour un niveau de danger élevé. Notre trajet :
- Tana à Antsirabe (5-6h) : Antsirabe est particulièrement appréciée par les expatriés qui habitent Madagascar, puisqu’elle offre plusieurs services dont des épiceries garnies avec des produits variés tout en étant plus agréable et plus sécuritaire que la capitale.
- Antsirabe à Miandrivazo (5-6h). Il s’agit d’un petit village avec 2-3 hôtels puisque la route ne se fait pas en une seule journée jusqu’à Morondava.
- Miandrivazo à Morondava (6-7h) : Morondava est une petite ville au bord de la mer que nous avons trouvé assez charmante en raison de sa belle plage particulièrement. Il était possible de marcher au bord de l’eau sans (trop) nous faire suivre pour nous vendre toutes sortes de choses. C’est également à cet endroit qu’il y a la très connue Allée des Baobab, une rue en sable où s’élève d’immenses baobabs. C’est une vue hors du commun particulièrement magique au coucher du soleil.
Cette section du voyage peut se faire en avion, ce que je recommanderais comme il n’y a pas énormément de choses à voir et que c’est beaucoup de route. Les vols internes sont par contre très chers, à cinq personnes et puisque nous avions le temps, nous avons privilégié la voiture. Les paysages sont évidemment magnifiques, de grandes étendues de plaines et de collines, parfois désertiques parfois plus verdoyantes.
Je parlerai souvent des routes, puisque c’est une attraction en soi tellement leur état est lamentable et c’est l’élément qui rend la visite de l’île éprouvante. Pour cette première section, jusqu’à Antsirabe c’était bien, mais par la suite ce fut très variable : une route en asphalte mais avec des trous immenses et de grosses bosses qui obligent à rouler à pas de tortue.


Parc national Tsingy de Bemaraha et la forêt de Kirindy
Les Tsingy sont des formations rocheuses absolument étonnantes faisant partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce paysage absolument unique au monde est bien difficile à décrire… il s’agit de roches de calcaires qui ont été rongées par l’érosion, formant ainsi une forêt de pics rocheux pointus et foncés. Le Petit Tsingy est situé près du village de Bekopaka, mais le vrai spectacle demeure le Grand Tsingy. Nous avons fait une aventure guidée de 6h, d’abord dans la forêt où nous avons pu voir nos premiers lémuriens! Nous avons ensuite atteint la formation rocheuse où nous avons exploré des grottes pour finalement escalader, dans une sorte de via ferrata, et atteindre le haut de la formation et avoir la vue sur celle-ci et les alentours. Et quel spectacle! L’exploration s’est poursuivie avec des ponts suspendus et des points de vue tout au long de la marche sur ce plateau rocheux. Les enfants ont été surprenants, de vraies petites chèvres de montagne ! Heureusement nous avions des harnais et étions attachés pour plusieurs sections de l’exploration.
Ce fut dans nos moments forts de Madagascar, mais il faut savoir que s’y rendre est assez laborieux. On parle de 12h de route pour faire 150 km, routes de sable et de roches uniquement tout le long et deux ferry très très rudimentaires. Nous sommes tombés en panne juste avant une des traversées et heureusement d’autres jeep étaient là et nous ont aidé à repartir. C’est également une section de route où il peut y avoir des enjeux avec des tribus locales qui n’apprécient pas les touristes et organisent des attaques de véhicules. Nous circulions donc en convois avec d’autres et la section de l’hôtel jusqu’au Grand Tsingy est effectuée avec des soldats de l’armée. Il y a aussi sur la route le meilleur restaurant de Madagascar et de loin, le Mad Zebu! C’est tellement surprenant de retrouver cette qualité de nourriture dans un tel endroit, une petite ville complètement perdue. C’était incroyable, sachant que l’on ne va pas à Madagascar pour la gastronomie!
Lors de notre retour vers Morondava nous avons dormi et exploré la forêt de Kirindy. Les tours de nuit et de jour nous ont permis de rencontrer de nouvelles espèces de lémuriens. Les enfants ont eu un beau moment avec une espèce de lémuriens qui est venu boire de l’eau dans un récipient qu’ils avaient dans leurs mains, c’est encore mieux que le zoo! Nous sommes même tombés nez à nez avec un fosa, le «lion» de Madagascar.



La côte ouest de Morondava à Ifaty
Si nous avions cru à ce moment-là avoir vécu la section la plus aventureuse de notre séjour, nous étions encore loin du compte. Heureusement, la côte ouest nous a fait découvrir également les plus beaux paysages de sable et de mer jamais vus parmi tous les voyages que nous avons faits. La température est ensoleillée et sèche et c’est une section très sauvage et extrêmement isolée. Il y a eu quelques moments où nous nous sommes demandé dans quoi nous nous étions embarqués!
À partir de Morondava, on se dirige vers le sud avec comme premier arrêt Belo sur Mer, un bon six heures de route de sable. On a traversé quelques rivières où les villageois installent des bâtons qui indiquent l’endroit le moins profond où circuler. Certains mettent aussi de la paille sur le sable pour faciliter certains passages, et demandent un paiement aux véhicules qui passent. Nous avons logé dans de confortables cabanes au bord de la mer au beau milieu de nulle part. On mange chez l’hôte, qui nous offre ce qui est disponible, surtout des produits de la mer, quelle expérience! Nous avons embarqué sur un petit bateau pendant environ une heure pour nous rendre sur une île déserte au milieu de l’océan, avec du sable blanc et des coraux partout. Nous avons fait un BBQ et de la plongée en apnée à proximité. C’était absolument incroyable, nous ne nous sommes jamais sentis aussi seuls au monde! Nos fins de journée se sont passées au coucher de soleil sur la plage à jouer au soccer avec des enfants du village voisin qui passaient par là pour aller chercher du bois.
Nous avons continué notre descente vers Laguna Blu – je nomme l’hôtel puisqu’il n’y avait pas vraiment de village à proximité en référence, c’est un peu après Andavadoaka. Ce fut une journée très éprouvante de 14 heures de route… Notre chauffeur avait appliqué de l’huile partout sur le véhicule pour que les branches glissent sans trop l’égratigner. C’était littéralement des routes de sable étroites entourées d’arbres et arbustes qui frottaient sur la voiture, c’était inquiétant et éternel. Le clou de la journée a été le ferry (si on peut l’appeler ainsi), une plateforme rudimentaire en bois sur laquelle peuvent naviguer deux véhicules. Nous avons embarqué à pied puisque la montée du 4×4 sur les rails était assez précaire. Mais la vraie surprise a été lorsque ce fut le temps de partir et qu’une quarantaine d’hommes se sont déshabillés et ont sauté dans l’eau. Parce qu’il n’y avait pas de moteur, le bateau était tiré et poussé par la force humaine, littéralement, dans un fleuve où il y avait un beau courant. On en parle encore aujourd’hui, ce fut un moment marquant. En débarquant du ferry, il y avait un banc de sable et nous sommes restés enlisés, heureusement tous ces hommes forts ont pu nous aider à continuer! La fin de la route s’est faite à la tombée de la nuit. Nous nous sommes perdus, pour finalement arriver dans notre lodge luxueux avec de la nourriture italienne, c’était surréel! Ce coin encore plus perdu était MA-GNI-FI-QUE. C’était très tranquille, tout ce qu’il y avait à faire était de profiter du paysage de mer et de sable féerique.




Un peu échaudé, il fallait tout de même reprendre la route pour nous rendre à notre prochaine destination, à environ 4h de distance. Moins long, mais pas moins intense! Ce fut les pires routes de sable, il y avait tellement de sable que l’on restait pris presque constamment. Heureusement les baobabs étaient majestueux! Nous sommes arrivés à Salary, qui est un peu plus peuplée et un peu plus touristique, toutes choses étant relatives. On ressent encore le cachet de la plage déserte, c’est donc un bon entre-deux. La ville suivante où nous avons séjourné, Ifaty, est une plus grande ville et c’est véritablement terminé l’isolement et le paysage de rêve. Dès que l’on met le pied sur la plage ou à l’extérieur de l’hôtel, on se fait envahir par des vendeurs, et ce n’est pas très agréable. C’est donc à Salary que nous avons passé deux nuits, ce qui nous a permis de partir en mer pour voir les bancs de coraux, les dauphins et les baleines. Ce n’est pas facile à réaliser, mais nous sommes aussi allé dans l’eau en apnée avec ces immenses cétacés, c’était tellement impressionnant.
Pour quelqu’un qui ne voudrait pas faire toute la côte ouest, ce serait une belle option à partir de Ifaty de faire l’aller-retour à Salary, afin de vivre l’ambiance et les paysages de la côte ouest et même les routes, sans s’y aventurer pendant toute une semaine.


La route nationale 7 (RN7) de Ifaty à Tana
C’est la portion classique pour visiter Madagascar et c’est un incontournable! La variété des paysages que nous avons vus est sensationnelle. Les routes sont mieux, mais tout de même pénibles, de l’asphalte parsemé de cratères plus ou moins grands avec un trafic de camions. Je peux maintenant arrêter d’en parler! Sauf pour mentionner également les contrôles de police qui jalonnent notre expérience. Ils arrêtent les véhicules, demandent les papiers, et peuvent soutirer de l’argent selon ce qui semble être leur bon vouloir. Selon notre guide, la corruption est omniprésente dans le pays à tous les niveaux et empêche la bonne gestion, participant à garder les gens dans une pauvreté extrême.
Parc national de l’Isalo
Le parc est un lieu montagneux de type rocheux dont le relief est peu typique, aride au niveau des montagnes, mais ensuite très verdoyant dans les canyons. La formation rocheuse a été créée il y a plus de 150 millions d’années et est depuis ce temps sculptée par l’eau et le vent. Nous avons visité le parc pendant une longue marche qui nous a amenés au sommet des rochers avec la vue aux alentours et dans le fond des canyons où nous nous sommes baignés dans des cascades d’eau bleutée translucide. Nous avons aussi rencontré de nouvelles espèces de lémuriens tout au long de notre chemin.
La vallée de Tsaranoro
Un autre bel endroit pour explorer à la marche cette vallée avec ces immenses murs de roches hauts de 800 mètres (idéal pour les amateurs d’escalade), puis descendre jusqu’au fond et se baigner dans de petits cours d’eau. Nous avons été au sommet du Caméléon, dont la roche a la forme de ce dernier, ce fut une marche assez pénible pour les enfants, la montée était très abrupte, mais la vue en valait la peine! La végétation est très sèche, ressemblant un peu à la savane, mais avec des plantes de style cactus de formes étranges, puis elle devient plus humide dans le fond de la vallée près de l’eau. Nous avons vu des faucons, des lémuriens et des lézards. C’est un endroit reculé et tranquille que nous avons beaucoup aimé, surtout que nous avons eu la visite à notre porte de chambre du lémurien maki catta, l’espèce que l’on retrouve dans le fameux film Madagascar et qui se nomme King Julian.

Parc national de Ranomafana
Nous remontons encore sur la RN7 et ce parc national est différent des derniers paysages. Il y a beaucoup plus de végétation et les cours d’eau sont plus importants. La visite du parc est faite avec un guide et un pisteur, qui font toute la différence et permettent d’apprécier davantage l’exploration en nous faisant découvrir de nouvelles espèces en nous entraînant hors des sentiers. En plus de nouvelles espèces de lémuriens dont je ne pourrais malheureusement pas me rappeler les noms, nous avons vu des phasmes, cet insecte qui se camoufle sur les branches d’arbres et qui ressemble à des bâtons, ainsi que des caméléons, identiques à une feuille d’arbre brune. Je n’en reviens pas encore que notre pisteur ait pu le trouver, même en sachant où il était, nous avions de la difficulté à le voir. C’était un passionné qui a travaillé sans relâche pour que l’on voie le plus d’espèces possible. Même si à ce stade-ci je vous dirais que les enfants étaient moins enthousiastes avec cette énième journée de marche. Comme quoi, même si ce que l’on voit est exceptionnel, quand on en voit beaucoup, on devient tout de même blasé!
Parc national Andasibe-Mantadia
Ce parc est situé à l’est de la capitale Tana à environ 3 heures de route, ce qui en fait un des parcs les plus visités de Madagascar. C’est un tout autre écosystème avec sa forêt humide et sa température pluvieuse. Évidemment, plus de lémuriens, et le seul endroit pour voir le plus grand d’entre eux, le Indri Indri, qui a un cri tellement surprenant, de longues plaintes aiguës. Nous avons eu la chance de les voir et de les entendre communiquer ainsi entre eux. Nous étions au Vakona Forest Lodge, un havre magnifique au milieu de la forêt et aux alentours il y avait deux endroits pour voir de plus près les espèces de caméléons, de lémuriens et de crocodiles, dans le style d’un sanctuaire. C’était parfait pour les enfants qui ont aimé le «cherche et trouve» des caméléons!

C’est ainsi que notre aventure sur la 4e plus grande île au monde se termine. Celle qui nous a bouleversés par ses paysages hors du commun, par sa faune et sa flore incroyables et uniques, mais surtout par les gens qui nous ont touchés par leur accueil et leur chaleur. Je revis notre séjour à Madagascar avec un mélange d’émotions, puisqu’il est très difficile et touchant de constater les conditions de vie inimaginables des gens, alors que c’est un des pays les plus pauvres au monde. Quelle expérience pour les enfants et même pour nous, nous n’oublierons jamais.